Quel est le rôle de l'art dans la théorie critique?

La théorie critique est une approche philosophique visant à critiquer les structures sociales dominantes. Les théories philosophiques classiques visent à expliquer la société, tandis que la théorie critique vise à transformer la société afin de promouvoir l'émancipation humaine. Pour ces philosophes, l'émancipation signifie la libération complète des cadres sociaux hégémoniques, intellectuellement, physiquement et culturellement. Issue de l'École de Frankfurt par des penseurs comme Max Horkheimer et Theodor Adorno, la théorie critique a permis de révéler les dynamiques de pouvoir qui menacent les communautés marginalisées. Les théoriciens critiques sont devenus capables d'utiliser l'art comme outil puissant pour déconstruire les systèmes oppressifs. Par exemple, les artistes féministes sont cruciaux dans leurs combats pour le changement social. Leur art est plus qu'une expression personnelle de leur difficulté, c'est aussi une utilisation de leur voix pour exposer leur soumission forcée.

Quel est le rôle de l'art dans la théorie critique?

L'utilisation de l'art par Chicago pour résister à la culture dominante reflète le point de vue du philosophe Herbert Marcuse selon lequel l'art peut être un acte révolutionnaire. Influencé par Karl Marx, Marcuse a postulé que nous sentons l'éloignement des autres dans un société capitaliste. Pour lui, l'art est une façon de gagner contre cette aliénation. Sur l'autre côté du dialectique, il dit que l'art peut aussi être une cause de l'aliénation. En créant, l'artiste se distancie des chaînes du monde. En imaginant et dépeignant une vie idéale bien éloignée de la réalité, l'artiste se met lui-même selon ses propres visions. Ce sentiment d'aliénation peut aussi être la motivation pour le changement social. C'est précisément le cas lors de The Dinner Party. Chicago crée un monde où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, ce qui est, pour elle, idéale et loin de la réalité. C'est peut-être l'aliénation dont Marcuse a parlé qui a motivé le mouvement féministe qui a suivi l'exposé de l'installation.

Un des philosophes de l'école Frankfurt, Max Horkheimer, a postulé que tout changement social devait passer par la création d'une société plus raisonnable. Il a insisté sur le fait que les sociétés inégalitaires existent seulement parce qu'elles manquent d'une « organisation sociale rationnelle ». Cette idée est basée sur le concept de Marx que le capitalisme n'est pas une organisation rationnelle, et c'est pour cette raison qu'on suffit. C'est la conclusion de Horkheimer que l'égalité et la souffrance sont les résultats de la société organisée autour des idées erronées. Donc, un changement social positif requiert un changement collectif dans les pensées du peuple. Les artistes féministes doivent donc changer les mentalités à l'égard des femmes.

En 1985, Chicago a pris une route plus extrême pour exprimer son insatisfaction avec la patriarcat. Elle a mis les hommes dans sa ligne de mire. Son œuvre Driving the World to Destruction (1985), dépeint un homme saisir un volant, indiquant qu'il est en contrôle. L'homme est très musclé et masculin, ce qui est un moquerie de l'art italien du renaissance qui glorifie l'homme masculin comme heroic. Elle exagère ces traits, pour se moquer de sa recherche continuelle de domination. Les œuvres que Chicago a vues lors de son voyage à Rome, qui dépeignent la masculinité comme sage et vertueuse, l'ont inspirée à démontrer exactement le contraire. Driving the World to Destruction est une exposition de la folie qui est l'idée que la masculinité est supérieure.

En critiquant l'instinct de valoriser la masculinité, Chicago a touché les idées de Horkheimer. Horkheimer sera d'accord avec Chicago qu'une raison principale pour l'oppression des femmes c'est une école de pensée irrationnelle entourant la féminité. Les deux diraient que si la société était organisée de manière plus raisonnable, la répression des femmes n'existerait plus. Pour Chicago, une société raisonnable verrait la féminité comme également appréciée que la masculinité. En accordance avec la philosophie de Horkheimer, Chicago utilise Driving the World to Destruction pour insister sur une vision raisonnable du genre.

Il existe aussi une typologie qui permet de synthétiser les différentes préférences selon la psychologie du citoyen en trois grandes catégories:

• Les esthètesLes esthètes apprécient les divertissements de types « abstraits » qualifiés de denses et exigeants.
• Les cérébrauxLes cérébraux aiment les divertissements qui présument un intellect raffiné. Elles sont à la recherche de sens, de réponses, de faits.
• Les sombresLes sombres sont intéressés par les objets dramatiques, obscures, voire funèbres.

Bien que l'on puisse se retrouver dans un mix des trois catégories, il est intéressant de voir le lien entre la personnalité et les préférences en matière de culture des citoyens. Sur les traits de personnalité de base, on peut imaginer que les préférences se construisent avec le temps. Selon nos préférences, nous n'allons pas percevoir l'objet de la même façon, car nous allons différemment projeter des caractéristiques humaines sur celui-ci.

Un autre philosophe de l'école Frankfurt, Theodor W. Adorno était beaucoup plus sceptique de l'art politique. Pour lui, l'art devait rester autonome. Ce qui veut dire que l'art devrait être indépendant des problèmes sociaux. Adorno était contre l'art qui était produit avec la seule intention d'envoyer un message parce qu'il ne considère pas cela comme une stratégie politique efficace dans le capitalisme tardif. Cela ne veut pas dire qu'il ne voyait pas l'importance de l'art engagé politiquement, mais simplement que les œuvres qui sont évidentes dans leurs efforts pour éveiller les consciences ou pour agiter perdent leur légitimité. Il croyait que pour être efficace, l'art devrait exposer des contradictions dans la société actuelle.